Les principes

La prévention désigne « l’ensemble des mesures préventives qui sont appliquées en amont de l’éclosion d’un problème afin d’éviter son apparition ou, s’il existe déjà, d’en diminuer les conséquences. »

Il existe de très nombreuses façons de concevoir la prévention. La répression par exemple peut être considérée comme mesure préventive car elle a un impact sur l’apparition de certains risques (les radars routiers).

D’autres approches se fondent sur l’information des personnes (« Fumer tue », inscrit sur les paquets de cigarettes). D’autres encore se situent dans la diffusion de valeurs (« Oui à l’esprit sportif »).

Pour finir, certaines approches visent à augmenter chez l’individu la capacité à agir favorablement sur sa santé.

L’éducation à la santé « se fonde sur un questionnement éthique et non sur une vision moralisatrice, elle vise à restaurer, pour l’individu, des possibilités de choix concernant son bien être et ses relations « harmonieuses » avec les autres. »(Ceusters, 2005).

Dans ce cadre, l’objectif de la prévention est donc avant tout de permettre à chacun d’élaborer une réflexion sur la question du dopage, de faire évoluer ses représentations, de réfléchir sur ses propres comportements.

Ceci suppose de se questionner sur le sport de façon plus générale, sur son propre rapport à la performance, en faisant émerger la parole : permettre aux acteurs de parler d’eux-mêmes, d’énoncer les contradictions auxquelles ils sont confrontés.

Pour mieux connaître les représentations liées au dopage, nous vous recommandons la lecture de ce document : « Etude qualitative sur les représentations concernant le dopage et sa prévention chez les sportifs et leur entourage » réalisé par la fédération nationale des observatoires régionaux de santé en 2013.

Les principes d’intervention

Privilégier la formation sur l’information

Les stratégies d’influence (sensibilisation, information, persuasion) n’ont qu’un faible impact sur le changement des comportements (Guyon, 2002). Au mieux, l’information sur les produits favorise l’augmentation de leur consommation.

Deux chercheurs hollandais (De Haes et Schuurman, 1975) ont étudié l’impact de différents modèles de prévention sur la consommation de stupéfiants des jeunes (14/16 ans).

Ils ont essayé de trouver laquelle des trois approches suivantes était la plus efficace :

– l’approche axée sur la peur, centrée sur la mise en garde,

– l’approche informative « neutre », « objective » centrée sur le produit,

– l’approche centrée sur les personnes et leurs problèmes offrant la place au dialogue, à la rencontre.

Leur expérience à été réalisée à Rotterdam, auprès d’environ mille jeunes de 14 à 16 ans. Leurs résultats montrent que les deux premières approches ont un effet pervers (inverse de celui escompté). Seule la dernière approche à un effet positif. D’autres études, effectuées par la suite, confortent ces résultats. Des résultats équivalents ont été observé concernan la prévention du dopage (Laure et Lecerf, 2002).

Source : Henri Patrick Ceusters, « Politiques et pratiques de prévention : quelles (in)cohérences » – 8 et 9 décembre 2005.

Plus récemment, les approches en terme de développement des compétences (rendre les personnes aptes à prendre les bonnes décisions et à faire face aux situations) ont montré un impact sur les comportements si elles sont également accompagnées d’un travail sur l’environnement (travail coordonné avec les encadrants, la famille…).

Ne jamais dramatiser

Les sessions de prévention centrée sur les risques et la culpabilisation sont des démarches contre-productives.

De façon générale, le fait de savoir que l’on consomme un produit dangereux créé un état de dissonance cognitive qui se résout fréquemment par le fait de dénier la réalité de la nocivité de nos comportements (Witte, 1992). Le fait de culpabiliser la personne qui consomme réduit son sentiment de compétence. Le sentiment de compétence est un des principaux facteurs qui détermine le changement de comportement (« je sais bien que fumer est dangereux pour la santé depuis des années mais je m’arrête aujourd’hui parce que je m’en sens capable », Girandola, 2000).

De plus, chez les adolescents, la dangerosité d’un produit et son caractère illicite sont souvent facteur de consommation (conduite ordalique).

Travailler dans la durée

Si cela est possible, il est important de favoriser un travail dans la durée, dans une perspective éducative, ce qui entraîne la formation de personnes relais au sein des structures où se déroulent les interventions, susceptibles d’élaborer des projets et de prolonger l’action.

Dans le cadre d’intervention ponctuelle, il est essentiel d’informer les participants. Plus d’informations sur les lieux ressources (centres de documentation, site internet : www.afld.fr, www.drogues.gouv.fr, etc…) afin de permettre un traitement des problématiques et demandes soulevées.